Champion du ReCaD en vedette : Herb John, convaincu que nous pouvons faire une différence

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L’ancien président de la Fédération nationale des retraités et membre de longue date du ReCaD explique pourquoi la déprescription est un enjeu important pour les aînés canadiens.

Par Jennie Herbin, coordonnatrice de l'engagement communautaire, Réseau canadien pour la déprescription (ReCaD)

Cet entretien a été édité et condensé.

Lorsque j’ai appelé Herb John, il attendait son avion en direction d’Ottawa, où il était attendu pour une réunion de l'Office des transports du Canada. Il venait tout juste de rentrer de Regina, où il avait assisté au congrès annuel de la Fédération nationale des retraités (FNP). Ce type d’horaire chargé n'est pas inhabituel pour les bénévoles avec lesquels j'ai la chance de travailler !

Rapidement, notre conversation a bifurqué vers l’engagement civique. Il m’a raconté qu’il avait rencontré deux jeunes de Regina qui avaient été surpris d’apprendre que le FNP se bat pour que les jeunes générations aient droit à une pension. « Ils avaient présumé qu’ils [les jeunes] ne pourraient pas compter sur une pension. Les gens ont besoin de croire qu'ils peuvent faire une différence. Imaginez que 50 personnes contactent leur député local au sujet d’un problème. Ils commenceraient à prêter une oreille attentive. »

Parmi ses nombreuses fonctions, Herb John est membre du comité de sensibilisation du public du Réseau canadien pour la déprescription (ReCaD) et il est un ardent défenseur de la déprescription. Au cours des années, ses efforts pour sensibiliser le public sont guidés par la conviction que tout le monde a un rôle à jouer et qu’ensemble, nous pouvons changer les choses.

Vous travaillez avec le ReCaD pour sensibiliser le public à propos de la déprescription depuis quelques années maintenant. Pourquoi vous êtes-vous impliqué ?

Il y a quelques années, j'ai reçu un courriel de Cara Tannenbaum [codirectrice du ReCaD] me demandant si je participerais à un groupe de discussion lors d'une des premières réunions du ReCaD. Je n’avais jamais entendu parler de déprescription à ce moment-là. Pourtant, j’ai immédiatement pensé à une situation vécue avec ma grand-mère quelques années plus tôt. Je devais l'emmener à l'urgence, puis aller chercher ses médicaments pour les lui apporter à l'hôpital. Je ne pouvais pas croire au nombre de pilules qu’elle prenait… les médecins de l'urgence en ont éliminé la moitié! J’ai pensé qu’il devait y avoir plusieurs autres personnes dans cette situation.

Alors quand Cara m'a écrit, j'ai tout de suite compris ce qu'était la déprescription et j'en ai reconnu la pertinence. Je l’ai tout de même rappelée pour lui demander : « Êtes-vous certaine que je suis la bonne personne pour vous aider? » Cara a répondu qu’on lui avait dit que les groupes de défense des aînés seraient la meilleure façon de sensibiliser cette population. À ce moment, j’ai tout compris. C’est ainsi que je pouvais aider. J'ai embarqué et le conseil exécutif du FNP a approuvé la campagne.

Quelle forme a prise votre collaboration au fil des ans?

Très vite, nous avons discuté de la meilleure façon de partager le message. Nous [la FNP] avons commencé à publier des documents sur la déprescription sur notre site Web. Chaque mois, nous publions la lettre d’information du ReCaD sur le site. Nous avons invité Cara Tannenbaum à présenter devant nos membres lors de notre congrès annuel en 2016 à Richmond, en Colombie-Britannique. Maintenant, plusieurs de nos partenaires sont aussi impliqués avec le ReCaD.

Quel genre de réaction obtenez-vous lorsque vous parlez de déprescription ?

Ce printemps, j'ai fait deux conférences pour des syndicats de travailleurs et travailleuses canadien(ne)s de l'automobile retraités à Windsor, en Ontario. L'un d'eux était mon propre groupe de travailleur(e)s retraité(e)s. J'avais demandé au président si je pouvais faire une présentation. Il a dit oui, mais de rester bref, car les longs exposés n’étaient pas très populaires. Eh bien, j'ai parlé pendant 30 minutes ! Et personne ne somnolait ! Tout le monde écoutait ! J'ai reçu de nombreux compliments sur la pertinence, l'importance et l'actualité du sujet. Les gens semblaient apprécier l'information et ils l'avaient bien comprise.

Après la présentation, j’ai dit à tout le monde qu’à la prochaine réunion en septembre, je demanderais combien de personnes avaient parlé à leur pharmacien ou à leur médecin en leur posant ces cinq questions essentielles. C’est ce que j'ai fait. En septembre, 10% des gens ont déclaré avoir eu cette conversation !

Pourquoi pensez-vous que cet enjeu est si pertinent pour le public ?

La plupart des gens n’ont jamais entendu parler de cet enjeu auparavant. Mais c'est logique. Je rencontre encore beaucoup de personnes qui ne questionnent pas ce que leur médecin leur dit ou encore leur prescrit. Ils n'ont aucune idée des trois messages suivants : primo, certaines personnes prennent trop de médicaments. Deuzio, certains mélanges ne sont pas bon; et tertio, les médicaments nous affectent différemment lorsque nous vieillissons. Il est crucial que ces messages soient connus de la population.

Selon vous, quelles sont les prochaines étapes ?

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Pauline Worsfold, présidente de la Coalition canadienne de la santé (CCH), a présenté le dossier de l’assurance-médicaments universelle au congrès de la FNP la semaine dernière. Le CCH et la FNP font de la pression pour que cela se fasse. Les gens commencent à se rendre compte que, dans les provinces, il existe un véritable méli-mélo de types de couvertures. En Nouvelle-Zélande, lorsqu’ils ont mis en place l’assurance-médicaments, ils ont économisé 7 milliards de dollars au cours de la première année seulement. Je n’ai entendu personne parler de déprescription dans le cadre des discussions sur l’assurance-médicaments. Pourtant, cela devrait faire partie d'un programme national d'assurance-médicaments. Il est crucial qu’on valide que les médicaments que nous prenons nous aident réellement !

Nous devons saisir cette occasion pour parler de déprescription dans le contexte de l’assurance-médicaments et ce, dans chaque juridiction provinciale. Si le programme est mis en œuvre correctement, cela pourrait entraîner des économies considérables.